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Yasmine Ghata

Muettes - Fayard, 2010

Prix Charles Oulmont 2010, dans la catégorie “Littérature”.

 
 

Muettes a retenu notre attention, un titre, pour dire en quelques pages l’indicible douleur du deuil du père. Et comment dire, et comment écrire, dans la filiation de la poétesse libanaise Vénus Khoury-Ghata, sa mère, et dans celle de Rikkat Kunt, sa grand-mère, grande calligraphe turque qui voit son art mis au rebut par les réformes d’Ataturk ? Son premier roman, La nuit des calligraphes (Fayard 2004), est une biographie fictive de cette grand-mère découverte lors d’une exposition de calligraphies ottomanes, biographie fictive d’une personne réelle, « goût du mensonge » que Yasmine Ghata revendique. Si Le târ de mon père (Fayard 2007) continue d’explorer les traces de l’identité familiale, nous sentons dans Muettes un désir forcené de la réaliser, d’y échapper et de la vivre tout à la fois.

L’enfant a six ans à la mort de son père. Elle sait tout, et ferme ses oreilles au non-dit qui l’entoure, au

verbe que tisse la mère pour bander son deuil, à cette vie qui continue. Certes, les mots écrits de la mère convoquent le père, ou son absence, mais l’enfant les refuse, elle va détruire le clavier d’où ils naissent et édifier sa présence à partir d’objets familiers, affirmant un langage propre devant la mère qu’elle veut reconquérir. Métaphore ? L’écriture en tout cas est belle et fine, l’arabesque n’en est jamais absente, ni gratuite.

Yasmine Ghata est née en 1975 à Paris. Elle étudie l’art islamique à la Sorbonne et à l’Ecole du Louvre, et ses études en histoire de l’art la conduiront à travailler dans le milieu des ventes publiques. Son premier roman, La nuit des calligraphes, traduit en treize langues, sera couronné du Prix de la Découverte Prince Pierre de Monaco, du Prix Cavour, du Prix Cadmos (Liban) et du Prix des lecteurs d’Herblay 2005. 

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